La méditation du Mahamoudra et le Yoga

Comment ces deux techniques millénaires vous aident-elles à demeurer dans l'état naturel de l'esprit ?

29 septembre 2021


Photo by Andrew Small 

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Si vous êtes un adepte régulier de la méditation ou du yoga, vous avez certainement déjà entendu ces deux mots : Méditation Mahamoudra et Yoga. Mais peut-être pas combinés.

Qu'ont-ils en commun ?

Comprendre le Mahamoudra

Si vous êtes familiarisé avec la pratique de la méditation, vous avez probablement pratiqué Shamata, la technique du calme mentale, et Vipassana, l'état d'introspection profonde qui s'ensuit naturellement une fois que l'esprit est clair et concentré à la suite de la pratique de Shamata.

Comme vous l'avez probablement expérimenté sur votre coussin, lorsque vous pratiquez Shamatha et Vipassana, vous mettez en pratique l'art d'être naturel, également connu sous le nom d'état de Mahamudra. Une fois que vous vous ouvrez, alors que la relaxation devient de plus en plus profonde, c'est l'état naturel de l'être qui se révèle. Pratiquer le Mahamoudra, c'est pratiquer la pleine conscience, faire l'expérience de la relaxation totale de l'esprit, au-delà des concepts, de la dualité et de la lutte.

Mahamoudra est le « Grand Sceau ».

« Pratiquer le Mahamoudra, c'est réaliser que toutes les expériences, sans aucune exception, portent le sceau de la vacuité ou du non-soi. »

« Lorsque le mahamoudra est pratiqué avec une grande détente et une grande ouverture, nous pouvons faire l'expérience d'une expansion des quatre fondements de la pleine conscience (Sattipatthana). Une expansion vers plus de facilité et de confiance, moins d'efforts, et surtout, une ouverture accrue des six sens. » — Lama Tilmann

Dans la pratique du Mahamoudra, nous nous ouvrons consciemment aux perceptions sensorielles afin de pouvoir entrer dans un espace mental très vaste où tous les mouvements mentaux sont les bienvenus. Nos yeux sont ouverts, nous ne bloquons aucun de nos champs sensoriels.

Un peu différemment de la méditation Vipassana, nous ne mettons pas tellement l'accent sur la dénomination des mouvements mentaux individuels afin de les percevoir, mais nous nous ouvrons plutôt à toutes les perceptions sensorielles et permettons ainsi à l'espace en nous de devenir complètement large. Nous ne sommes pas tellement intéressés par ce qui apparaît en nous, mais plutôt par la façon dont nous faisons l'expérience des phénomènes mentaux : nous nous demandons « Comment est-ce ? », « comment est-ce d'avoir une pensée ? » « comment est-ce d'entendre un son ? »  « comment est-ce de ressentir une douleur au genou ? », etc.

Nous laissons les phénomènes intérieurs et extérieurs apparaître sans effort et les laissons se libérer d'eux-mêmes. Nous nous ouvrons dans une profonde confiance à toutes les choses qui apparaissent en nous, que ce soit la joie, la peur, l'effroi ou le bonheur. Nous pouvons alors faire l'expérience qu'en restant dans l'espace de nos expériences sensorielles, ces sentiments passent et se dissolvent d'eux-mêmes.

C'est le Mahamoudra, le “Grand Sceau”.

Le yoga et son lien avec le Mahamoudra

Les pratiquants de yoga font généralement référence à la relaxation et à la conscience aimante que l'on ressent dans les postures fluides du yoga qui associent le mouvement, la respiration et la concentration de l'esprit. Lorsque l'esprit se détend au cœur d’une asana, cela crée un espace corps-esprit où les processus mentaux et corporels peuvent se détendre.

Le mot « yoga» signifie essentiellement « ce qui vous amène à la réalité ». — Sadhguru

Cette attitude de base, qui consiste à ne pas s'efforcer et à permettre à toute expérience de se développer naturellement de l'intérieur, caractérise à la fois le yoga et la pratique du Mahamoudra. Nous sommes à l'écoute de notre corps et de notre esprit sans poursuivre un objectif spécifique, sans perfectionner une posture ou un mouvement : dans cet état d'ouverture, la pleine présence de l'esprit apporte la force nécessaire pour demeurer dans la « tension détendue » de la posture.

La pratique du yoga sert à expérimenter la force de la présence de notre conscience dans le corps et l'esprit. Les exercices d'asana et de pranayana sollicitent le corps tandis que l'esprit reste détendu. Exécutés en différentes séquences – parfois plus douces, parfois plus stimulantes – ils nous permettent d'explorer toute la gamme de nos perceptions mentales et sensorielles dans les différents stades de relaxation.

De plus, les exercices de yoga apportent du dynamisme à la pratique de la méditation. Les asanas placent le corps au centre de notre champ de conscience et aident à canaliser notre attention. L'expérience des synergies entre la force et la relaxation dans le mouvement conscient crée un espace pour la pleine perception du corps et de l'esprit dans la pratique assise formelle.

« La confiance en son propre potentiel sain d'éveil relie les deux traditions, le Mahamoudra et le Yoga».

— Lama Tilmann

Par ailleurs, de nombreux textes classiques du yoga décrivent un état d'esprit plus contemplatif où les mouvements sensoriels sont restreints. Cette approche est quelque peu différente de celle que nous voulons expérimenter en combinaison avec la pratique du Mahamoudra.

Dans certaines traditions de yoga, comme le Yoga Sutra de Patanjali, l'élément de concentration est également présent. Patanjali fait référence aux huit étapes méditatives (Jhanas) qui sont provoquées par la conscience méditative. Il s'agit là d'un autre élément que les voies du yoga et du bouddhisme ont en commun. Il est donc logique que les deux traditions se fécondent mutuellement.  

Cependant, le Bouddha a reconnu que les huit Jhanas ou étapes méditatives ne conduisent pas à la libération totale. Il reste un attachement subtil à un « moi » qui leur est inhérent. Le Bouddha a également reconnu qu'en méditation, nous ne pouvons pas ignorer les sensations corporelles, les sentiments et les pensées. Le défi consiste à rester ouvert et à les reconnaître sans se laisser prendre par eux.

Si vous êtes curieux de faire l'expérience de ces deux traditions dans votre pratique personnelle, > consultez nos prochains programmes.

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Propos recueillis lors d'un entretien avec Tilmann Borghardt and Evelyne Hunger, réalisé par Thérèse Pechstein au nom de Landguet Ried.

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